mercredi 17 décembre 2008

BELLES ENVELOPPES PEU COURANTES DES POSTES LOCALES DE CHINE

La Chine n'a adhéré à l'UPU que le 1er septembre 1914, mais, comme l'écriture, le courrier et son transport sont trés anciens dans l'Empire du Milieu. Au XIXème siècle il existait deux systèmes de services postaux:
* le premier réservé aux correspondances officielles, notamment entre le gouvernement impérial et les gouverneurs des provinces, doté de nombreux relais dans tous le pays et trés efficace (la poste par estafettes YI Zhan ou Yi Tchan).
* le deuxième aux mains des puissantes guildes ("Hongs") de marchands chinois (la poste Min Xin Ju ou Min Chü) qui fonctionnait déjà au XVème siècle. Cette poste était une poste privée peu couteuse mais tarifée à la distance.
Au début du XIXème siècle la Chine s'est refermée sur elle même et les échanges commerciaux avec l'étranger pratiquement inexistants. Aprés la première Guerre de l'Opium, les anglais s'installent à Hong Kong en 1841 et y installent un premier bureau de poste de la couronne. Suite aux différents traités qui ouvrirent un certain nombre de ports au commerce extèrieur et à l'implantation des occidentaux (Treaty ports): traité de Nankin en 1842, Traité de Tien Tsin en 1858 pour les plus importants, la poste de Hong Kong essème dans les ports ouverts (agences de la poste de Hong Kong - Hong Kong Treaty port ou Treaty Port local post) où les timbres de Hong Kong seront utilisés à partir de leur parution en 1862. La faiblesse de l'Empire de Chine à ce moment là permet rapidement aux autres puissances étrangères d'obtenir les mêmes avantages que les anglais (France, Russie, Allemagne, Etats Unis, Japon, Belgique, Italie) et rapidement les "Ports Ouverts" se multiplient et la plupart des puissance étrangères ouvrent des bureaux de poste dépendant de leur poste nationale. Shang Haï sera une des bases les plus importantes avec des concessions cédées aux étrangers ( véritables territoires extraterritoriaux entièrement sous l'administration des puissances étrangères).
La Chine ne faisant pas partie de l'Union Postale Générale (crée en 1874 devenu ensuite UPU) les courriers de la Chine pour l'étranger devaient obligatoirement transiter par les bureaux de postes étrangères installés dans les Ports Ouverts et ce jusqu'en 1914. A contrario, les postes étrangères ne pouvaient pas transporter du courrier en régime intèrieur en Chine.
Cette situation a amené en 1863 le Conseil Municipal de Shang Haï (sous contrôle des autorités étrangères) à installer une Poste Locale pour le régime intérieur au service des résidents étrangers. Le mot "locale" signifie seulement que ce service est sous le contrôle des autorités locales. La poste de Shang Haï, comme l'avait fait celle de Hong Kong, ouvre rapidement des agences et succursales dans d'autres localités et concurrence ainsi la poste de Hong Kong qui déservait les ports. La poste de Shang Haï à son apogée était implantée dans 17 Ports Ouverts et assurait les liaisons avec les bureaux étrangers et la Poste des Douanes Maritimes (crée en 1863 pour le courrier des personnels diplomatiques, consulaires et douanes des légations étrangères et ouverte au public en 1878).
Bien que la poste de Shang Hai ait émis des timbres à partir de 1865, ceux ci se sont rarement trouvés sur du courrier car l'organisation du service était basée sur un système de souscription annuelle par les utilisateurs (en général des maisons de commerce) qui étaient ainsi dispensés de timbrage. Il sera ensuite remplacé par un système de provision renouvelable sur avis de la poste quand celle ci était épuisée. Les timbres émis à cette période ont donc surtout servi à remplir les albums des collectionneurs et à rapporter des moyens financier à la poste (ceci explique leur absence dans de nombreux catalogues). Mais le succés de ce service et donc l'augmentation trop importante du volume du courrier a rendu ce système trés lourd à gérer et le 1er janvier 1893 la poste de Shang Haï rend obligatoire l'affranchissement par des timbres de tout objet confié à ses soins. Cependant la demande fut trés importante et le manque de timbre s'est rapidement fait sentir. A partir de mars 1893 la poste de Shang Hai se trouve dans l'impossibilité d'approvisionner ses agences dans les autres Ports Ouverts.
Cette situation (mais aussi le désir de réaliser des bénéfices par la vente aux collectionneurs) a alors poussé les Municipalités étrangères (Amoy, Hankeou, Kioukiang, Tchenkiang) ou les Comités locaux de résidents (Foutcheou, Itchang, Nankin, Tchefou ou Chefoo) de plusieurs des Ports Ouverts a créer leur propres bureaux de postes et a faire imprimer des timbres au plus vite. Bien que n'étant plus des agences de la poste de Shang Haï, des conventions de réciprocités les liaient. Cette nouvelle organisation n'eut pas d'incidence sur le traitement du courrier.
Ainsi apparaissent les timbres des "postes locales de Chine" (hormis Shang Haï ) qui ont fait couler beaucoup d'encre et disparurent des catalogues en 1899 pour ne réapparaître qu'en 1986.
La durée des postes locales fut brève puisque la création de la Poste Impériale (sur la base de l'organisation de la Poste des Douanes Maritimes) le 2 février 1897 suprimait de facto les postes locales puisque interdiction était faite de transporter du courrier non remis sous contrat de la poste officielle. Cette interdiction ne s'appliquait pas aux bureaux des puissances étrangères puisque ceux ci étaient les seuls à pouvoir assurer les correspondances internationales.
Deux trés belles lettres des postes locales figurent dans ma collection. Probablement oeuvre d'un philatiste (il ne semble pas s'agir de correspondance commerciale bien que les contenus ne nous soient pas parvenus) il n'en demeure pas moins qu'elles ont effectivement circulé (dans la période de fonctionnement normal du service) et comportent les cachets d'arrivée. Le soin apporté à l'écriture des adresse fait penser à la volonté de constituer des documents à conserver.

Enveloppe 1:

Recto Verso

Il s'agit d'une lettre de la poste locale de
Chefoo postée le 24 juillet 1894 et adressée à Shang Haï. Au verso cachet
d'arrivée de la poste locale de Shang Haï
en date du 27 juillet 1894 ainsi que cachet de Chefoo à la date de départ.
Cette enveloppe à bande rouge est typique des enveloppes utilisées en Chine à cette époque.
Sur la bande rouge se trouve le nom du destinataire.
Sur la bande blanche de gauche a été inscrite l'origine de la lettre.
Sur la bande blanche de droite se trouve l'adresse du destinataire.
La traduction littérale peut se transcrire comme suit:
Bande rouge: Monsieur Xu jeune homme noble à ouvrir par lui même (autrement dit: personnel).
Bande blanche de gauche: De Yan Taï (Chefoo en chinois) de Shongtong (il s'agit de la province) prière de délivrer ce plis.
Sur la bande blanche de droite: Lettre importante prière de délivrer à Shang Haï Ni Cheng Nouveau Cercle Extérieur Chason (rue ??) Résidence N° 14 .
Le timbre à 5 centimes est issu du deuxième tirage de janvier 1894 effectué en Allemagne.

Enveloppe 2

Recto Verso

Il s'agit ici d'une lettre de la poste locale de Hankow (Hankeou) postée le 29 juillet 1893 pour Shang Haï (Hankeou est un port sur le Yang Tse Kiang).
Au verso cachet d'arrivée à Shang Haï du 2 août 1893.
Sur cette lettre, au contraire de celle de Chefoo, ne figure pas d'inscription dans le bande blanche de gauche (origine de la lettre).
Le destinataire est de même type que le précédent (bande rouge).
L'adresse à Shang Haï est la même mais la lettre n'est pas désignée comme lettre importante.
Le timbre est un trente centimes de la première émission locale de mai 1893.
Le timbre est non dentelé sur les côtés et percé en ligne en haut et en bas. Le perçage est matérialisé par une ligne pointillée (bien visible) de la même couleur que le timbre.

Ces deux lettres, visuellement trés esthétiques, sont donc des témoins de cette courte période de fonctionnement des postes locales en Chine à la fin du XIXème siècle et traduisent la présence, l'énorme poids et l'intence activité des puissances étrangères en Chine à cette époque là.

jeudi 11 décembre 2008

ACHEMINEMENT DES COURRIERS DE MACAO (MACAU) POUR LA FRANCE EN 1903

Macau fut donné au Portugal par la Chine en 1557 en remerciement de l'aide apportée par les portugais à la lutte contre la piraterie. Macau restera portugais, sous différentes formes administratives, jusqu'au 20 décembre 1999, date de sa restitution à la Chine. Seule possession portugaise en Chine, et longtemps seul port d'échanges entre l'Empire et les pays d'Occident, ce port a toujours eu une activité commerciale importante. Le Portugal ne figure pas parmi les Etats ayant participé aux différents évènements du XIXème et début du XXème siècles qui ont été à l'origine de la présence des pays européens et des Etats Unis dans les ports "ouverts" des côtes chinoises et le long du Yang Tse Kiang.

Macau est très proche de Hong Kong (40 km) où les britanniques s'installent dés 1842 (territoire cédé par la Chine en 1842 et restitué le 1er juillet 1997) et développent une activité commerciale intense faisant de Hong Kong la plaque tournante entre l'Occident et l'Empire du Milieu.


La proximité des deux ports a entraîné un important trafic maritime entre eux et permettra de voir se développer à Macau une activité économique autour des jeux (casinos) où viendront jouer les résidents du port britannique.

Ceci se manifeste au travers du courrier expédié de Macau vers l'Europe. En effet Hong Kong est une escale obligatoire pour toutes les grandes lignes maritimes d'extrême Orient (Britanniques, Allemandes et Françaises) et notamment pour les malles postes.


Nous avons trouvé trois courriers (cartes postales) de 1903 expédiés de Macau par des voyageurs français vers la France.


Courrier 1:


La première carte postale a été postée à Macau le 20 février 1903 à destination de Limay (Yvelines actuelles). Il s'agit d'un entier postal de Macau à 20 Reis (monnaie portugaise utilisée à Macau avant l'introduction du Avo, monnaie locale de Macau) dont l'affranchissement a été complété par un timbre à 1 Avo (l'ensemble représentant un affranchissement à 4 avos).




La carte postale comporte le cachet de transit de Victoria Hong Kong (Victoria est la capitale et le port du territoire de Hong Kong) du 20 février 1903 (date également du départ de Macau) ainsi que le cachet d'arrivée à Limay malheureusement sans date lisible.


Mais surtout cette carte porte de la mention manuscrite en haut à gauche "Per S.S."Océanien" qui est le nom du bateau ayant acheminé le courrier. Le S. S. "Océanien" appartient à la Compagnie des Messageries Maritimes qui assure le transport des passagers et du courrier entre l'extrême Orient et Marseille (ligne Marseille - Yokohama) et qui fait escale à Hong Kong à l'aller comme au retour.


Le S.S. "Océanien" a été construit en 1885 pour la ligne d'Australie et a été affecté en 1892 à la ligne d'extrême Orient. Il sera réquisitionné en 1914 comme transport de troupe et démantelé en 1922. Le paquebot a quitté Yokohama le 12 février 1903 et a fait escale à Kobé et Shanghaï pour arriver à Hong kong où il se trouve le 20 février 1903. Le courrier pour la France est donc pris en charge, y compris celui arrivé le jour même de Macau. Le S.S. "Océnien" sera le 27 février à Saïgon et arrivera le 27 mars 1903 à Marseille.


Cette carte postale envoyée de Macau a donc utilisé la voie française au travers de son escale à Hong Kong pour rejoindre la France.


Nous allons voir que cette solution n'est pas unique et que d'autres acheminements peuvent être envisagés.


Courrier 2:


Il s'agit de nouveau d'un entier postal de Macau (mais celui ci est illustré au resto) surchargé à 1 Avo et complété par un timbre à 3 Avos (total de l'affranchissement: 4 Avos). La carte est adressée de nouveau à Limay (il s'agit du même expéditeur et du même destinataire) et comporte le cachet de départ de Macau du 28 mars 1903 ainsi que le cachet de transit de Victoria - Hong kong du 28 mars 1903. Le cachet d'arrivée à Limay ne permet pas d'avoir une date précise car seul le mois d'avril est lisible.





La carte ne présente pas comme la précédente de mention au recto du bâtiment devant la transporter. Par contre dans le texte (daté du 27 mars) au verso on peut lire "la malle anglaise "Malta" part demain".


Le R.M.S. "Malta" est un bateau de la P&O britannique de la ligne d'extrême Orient assurant le transport des passagers et du courrier entre la Grande Bretagne et Hong Kong où il fait escale.


Dans ce cas, le courrier entre Macau et la France a utilisé la voie britannique pour gagner l'Europe. La correspondance de ces cartes montre que l'expéditeur écrit souvent à ce destinataire et connaissant parfaitement les rotations des différentes lignes utilise la voie britannique entre deux escales de la voie française.


Ces courriers montrent qu'à cette époque (1903) les courriers du territoire portugais de Macau pour la France passent par l'escale de Hong Kong en territoire britannique pour être acheminés vers l'Europe et sont acheminés en fonction des passages des bateaux par les voies britanniques ou françaises.


Courrier 3:


Le troisième courrier est un peu particulier. Il s'agit en fait d'un fragment de carte postale. Celui ci porte suffisamment d'indication pour qu'on puisse déterminer son acheminement.









Il s'agit ici d'une carte postale recommandée expédiée de Macau le 9 mars 1903 pour la France (probablement Paris d'après le texte au verso). La carte porte plusieurs cachets: celui de Macau du 9 mars 1903, celui de l'escale de Hong kong du service des recommandés également du 9 mars 1903, un cachet de recommandation de Macau - China avec le numéro 1012 en bleu, deux griffes linéaires à gauche et à droite "registred" (recommandé) en anglais apposées par l'expéditeur (en violet) et enfin un cachet de l'expéditeur qui n'est autre que le service impérial des douanes maritimes (service confié par l'empereur aux occidentaux).


L'affranchissement comporte une paire de 2 Avos (surchargés "provisorio") représentant le port et un timbre à 8 Avos (lui aussi surchargé) pour la recommandation.


De plus, à côté du timbre, à gauche figure la mention "Per S.S." , mais le nom du bateau est masqué par le timbre. Par transparence on arrive à déchiffrer le nom: il s'agit du "Amman". Le S.S. "Amman" est lui aussi un des paquebot de la Compagnie des Messageries Maritimes de la ligne d'Extrème Orient Marseille - Yokohama. Il a été construit à La Ciotat en 1898. Il changera de nom l'année suivante en 1904 et sera rebaptisé "Tourane" puis modernisé en 1912 il sera denouveau rebaptisé "Karnak" et affecté aux lignes de Méditerranée avant d'être réquisitionné en 1914 comme transport de troupes. Il sera coulé le 27 novembre 1916 par U32 allemand au large de La valette (Malte) faisant 17 disparus. Parti de Yokohama le 27 février 1903, il est en escale le 9 mars à Hong Kong, puis le 14 mars à Saïgon et arrivera à Marseille le 6 avril 1903.


Il est interressant de voir que même un fragment de carte postale peut apporter des informations précises sur ces courriers expédiés de Macau pour la France.

mercredi 15 octobre 2008

POURQUOI, EN 1904, DES COURRIERS FRANÇAIS DE CHINE ONT-ILS ETE ACHEMINES PAR LES PAQUEBOTS DES LIGNES ALLEMANDES ET ANGLAISES ???

Les courriers utilisant la poste française des bureaux implantés en Chine au début du XXème siècle étaient acheminés par les paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes de la « ligne Marseille – Yokohama » qui avait succédé à la « Ligne N » d’Indochine de Marseille à Saïgon.
Les paquebots partaient de Yokohama puis faisaient escale à : Kobe, Shang Haï, Hong Kong, Saïgon, Singapour, Colombo, Aden ou Djibouti en alternance, Suez, Port Saïd et Marseille. Le voyage durait environ 37 jours.
Le courrier des bureaux français étaient acheminés à Shang Haï pour être embarqués sur les paquebots de la Compagnie qui avait un contrat avec l’Etat français pour le transport postal sur la ligne.






Carte postale postée à Shang Haï le 10 octobre 1906 pour Valraugues (30). Cette carte a été acheminée par le paquebot « Océanien » parti de Yokohama le 6 octobre 1906 et arrivé à Marseille le 14 novembre 1906 après une escale le 19 octobre à Saïgon. A cette période le courrier est acheminé sans cachet maritime particulier et seules les dates permettent d’identifier le bateau qui a acheminé le courrier.
Les lettres des autres bureaux français portent, en plus du cachet du bureau de départ, le cachet du bureau de Shang Haï apposé à la réception des plis et avant leur acheminement. L’exemple ci-dessous est une carte postale postée à Tien Tsin le 18 juillet 1907 pour Marseille. Au verso figure le cachet de transit par Shang Haï du 22 juillet 1907. Cette carte a été acheminée par le paquebot « Tonkin » ayant quitté Yokohama le 27 juillet 1907 et arrivé à Marseille le 3 septembre 1907. Ici aussi aucune marque distinctive ne permet d’identifier formellement le bateau ayant effectué le transport.





Les paquebots ayant transporté les courriers sont uniquement identifiables grâce à la date d'expédition et aux magnifiques ouvrages de R. Salles sur la poste maritime française

Ces types de courriers sont relativement communs et représentent la majorité des correspondances des bureaux français en Chine rencontrées, entre Shang Haï et la France.



Trois plis ont récemment attiré mon attention. Tous sont datés de 1904 et portent une marque manuscrite avec le nom d’un bateau. Deux sont des paquebots allemands et le dernier est un paquebot britannique. Les trois missives sont issues du bureau français de Shang Haï pour la France et auraient du être acheminées par les paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.





PLI 1 :

PLI 1 transporté par le paquebot allemand S/S « ZEITEN ».


Il s’agit d’une carte postale d’origine japonaise postée à Shang Haï le 17 juin 1904 pour Tornac (30) et affranchie de deux timbres type blanc à 5 centimes. La carte porte en haut à gauche la mention manuscrite : « Per St. Zeiten ». La date du cachet d’arrivée à Anduze (dont dépend Tornac) est illisible.
Le S/S « Zeiten » est un paquebot de la « General Class » de la Compagnie allemande NORD-DEUTSCHER LLYOD basée à Bremen et qui exploite la ligne d’Extrême Orient de Hamburg à Yokohama. L’itinéraire est le suivant (retour) : Départ de Yokohama, escales à Kobe, Nagasaki, Shang Haï, Hong Kong, Singapour, Penang, Colombo, Aden, Suez, Port Saïd, Naples, Gênes, Gibraltar, Southampton, Anvers et arrivée à Hamburg. A priori les courriers pour la France ont du être débarqués en Italie et acheminés ensuite par la poste ferroviaire.
Le S/S « Zeiten » a été lancé en 1903 (c’est donc un paquebot tout neuf lors de ce voyage) et construit à Danzig par F. Schichau. Il a été affecté à la ligne d’Extrême Orient jusqu’au déclanchement de la première guerre mondiale. Il est saisi en 1916 par le Portugal au Mozambique. Il sera rebaptisé « Tungue » par les portugais.

Mais quelle est la raison de ce transport de courrier français par une compagnie et un bateau allemands ?



Fin avril et début mai 1904 éclate une grève dans le port de Marseille après le renvoie par les inscrits maritimes d’officiers de marine. La Compagnie des Messageries Maritimes ne peut plus assurer le départ de ses bateaux et notamment le départ du 1er mai 1904 pour Yokohama. Le dernier bateau était parti le 17 avril (un départ tous les 15 jours). C’est au retour que le bateau qui devait partir le 1er mai aurait du embarquer la carte postale pour Tornac. En l’absence de navire française c’est donc à titre exceptionnel que le courrier français de Chine a été embarqué sur le S/S « Zeiten » allemand. Ce pli est en fait un témoin des grèves qui se sont déroulées à Marseille à quelques 10 000 kms de là !




PLI 2 :
PLI 2 transporté par le paquebot allemand « Prinz-Regent Luitpold ».

Il s’agit d’une autre carte postale présentant exactement les mêmes caractéristiques que le pli 1 et d’ailleurs adressée à la même personne par le même expéditeur. Carte d’origine japonaise affranchie de deux timbres de type Blanc à 5 centimes, postée à Shang Haï le 29 juillet 1904 pour Anduze (30) et arrivée le 2 septembre 1904. Comme la précédente cette carte porte une inscription manuscrite : « Per St. Prinz Regent Luitpold ».

Le S/S « Prinz-Regent Luitpold » est lui aussi un paquebot de la ligne d’Extrême Orient de la Nord-Deutscher Lloyd de Bremen assurant le même service que le « Zeiten ». Ce paquebot de 6228 t. a été construit sur le même chantier que le précédent et lancé en 1894. Il sera reconstruit et amélioré en 1910. Il sera saisi à Messine en 1916 par l’Italie et sera rebaptisé en 1918 « Pietro Calvi ».




S/S « PRINZ-REGENT LUITPOLD » CP originale, collection personnelle.

Mais pour quelle raison encore une fois, et alors que les grèves sont terminées à Marseille et que le service a repris sur la ligne, du courrier français de Chine est-il acheminé par une compagnie et un paquebot allemands ?
En fait ce pli aurait du être acheminé, à son retour, par le paquebot « Polynésien » parti de Marseille le 10 juillet 1904. Or ce dernier a eu une avarie à l’escale de Singapour et n’a pas pu poursuivre sa route. Il est remorqué à Colombo pour réparations et ne repartira que le 18 septembre pour Marseille. Le reste du trajet est effectué en dépannage par des bateaux annexes et des cargos. En raison de tous ces retards le courrier français de Shang Haï est une nouvelle fois confié, à titre exceptionnel, à la ligne régulière de la compagnie allemande. Ce pli est un témoin de la vie de cette ligne et des rares incidents qui en ont perturbé la régularité.


PLI 3 :

PLI 3 transporté par le paquebot britannique S.S. « COROMANDEL ».

Ce pli présente encore les mêmes caractéristiques que les précédents (bien qu’il ne s’agisse pas d’une carte d’origine japonaise mais française) : même destination, même correspondant, même expéditeur, même affranchissement. Il est oblitéré de Shang Haï du 31 octobre 1904 et à l’arrivée à Anduze le 3 décembre 1904. L’inscription manuscrite porte cette fois : « Per St. Coromandel ».Il ne s’agit plus d’un paquebot des lignes allemande car le S.S. « COROMANDEL » est un paquebot britannique de la « PENINSULAR & ORIENTAL STEAM NAVIGATION COMPANY » (P&O). Construit dans les chantiers de la Clyde par « Caird & Company Greenock » en 1885. Il sera racheté en 1906 par la « Shah Steam Navigation Company of India » de Bombay et sera rebaptisé « SHAH NOOR ». Il sera démoli en 1908 à Bombay.

L’année 1904 est une année de mouvements sociaux très violents et encore une fois les évènements du port de Marseille vont être à l’origine de l’acheminement du courrier français de Chine vers la France par une compagnie étrangère. En effet des grèves très dures ont éclatées, cette fois de la part des inscrits maritimes du port de Marseille, en septembre et octobre 1904.
La Compagnie des Messageries Maritimes est de nouveau dans l’impossibilité d’assurer les départs du 18 septembre et du 2 octobre 1904. Cela se traduit par une interruption de la ligne Yokohama – Marseille du 21 octobre au 2 décembre 1904. Dans ces conditions, une nouvelle fois, la poste française à Shang Haï doit avoir recours aux lignes étrangères pour assurer le transport du courrier entre la Chine et la France. Ici c’est la P&O britannique qui assure le transport.
Ces trois plis, peu courants, sont le reflet, d’une part de l’agitation sociale qui a sévi en France au cours de l’année 1904 et d’autre part de la vie de cette Compagnie des Messageries Maritimes qui assura pendant plus de 50 ans les liaisons entre la France, l’Indochine et l’Extrême Orient avec une régularité exemplaire. Son activité diminuera au fur et à mesure que se développeront les liaisons aériennes entre les deux guerres mais cela est une autre histoire.

mardi 23 septembre 2008

CANONNIERES FRANCAISES EN CHINE - DEUX PIECES PEU COURANTES






Lettre provenant de la canonnière « Pei Ho » et postée au bureau de la poste française à TienTsin le 22 novembre 1907 à destination d’Alger par la France et la voie Sibérienne
(Trans-Sibérien Pékin – Moscou).
Arrivée à Alger le 13 décembre 1907 (empreinte mécanique au verso).
Grand cachet bleu « PEI HO – SERVICE MARINE – TONGKOU – CHINE ». Ce cachet est connu normalement en rouge.
Affranchissement à tarif réduit pour les militaires à 10 cts (2 timbres type Blanc des bureaux de
Chine à 5 cts).
Oblitération: Cachet "TIEN-TSIN-CHINE – POSTE FRANCAISE" type 84




CANONNIERE « PEI HO» 1901 - 1922




"L'Illustration" 18 janvier 1913

Canonnière fluviale armée en 1905 par transformation du remorqueur « Lieutenant-Contal » basé à Saïgon puis à Tong Kou. Enregistrée en 1905 et basée à Tong Kou en aval de TienTsin dans la vallée du Pei Ho.
Fait partie des flotilles fluviales françaises basée sur le Pei Ho, le Yang Tse et le Si Kiang. Assure la défense des batiments de la marine française à Tong Kou et un service vers Tien Tsin.






Le bateau sera vendu en 1922 à Tien Tsin.

































Lettre postée à St Gildas (56) le 22 août 1932 pour la Canonnière « Francis Garnier » à Hankéou et redirigée sur Ichang (époque de la remontée du Yang Tse Kiang jusqu’à Tchongking).
Arrivée le 7 octobre 1932, via Paris le 23 août et Pékin le 27 septembre. Cnie AIR ORIENT de
Marseille à Saïgon (inscription manuscrite en haut à gauche). Marques de poste aérienne en russe (je n'ai pas d'explication pour le moment).
Redirigée par la poste chinoise (au verso cachets de Peiping (Pékin) 27/9 et Ichang 7/10 de la poste chinoise).
Tarif: lettre moins de 10 g pour étranger
1,50 F + surtaxe aérienne pour la Chine à 6 F = 7,50 F (tarif du 1/9/1931).







CANONNIERE « FRANCIS GARNIER » 1927 - 1945








Canonnière de rivière affectée à la Flotille du Haut Yang Tse Kiang. D’abord basée à Hankéou.
Fin août 1932 première remontée jusqu’à Tchongking. Assura le service sur le fleuve à
partir de cette date. A partir de 1936 reste à Hankeou avant de rejoindre ShangHaï en 1939
puis Haïphong et la Flotille du Tonkin en 1940.
Intégrée aux FNEO (Forces Navales d’Extrème Orient).Touchée par un raid japonais, elle se saborde le 9 mars 1945.
Des informations sur les canonnières françaises en Chine et leur courrier peuvent être trouvées dans l'exellent site de Mr Malsagne http://www.canochine.com/ .



Bienvenue

Beinvenue sur ce nouveau blog (un parmi tant d'autres).

J'ai créé ce blog pour faire partager ma passion pour la philatélie et notament la lecture de l'histoire postale et de l'histoire tout court au travers de ce moyen de communication universel que fut le courrier et, depuis 1840, le timbre qui lui est associé (en ce début de XXIème siècle bien d'autres moyens de communication existent qui ont sérieusement réduit l'utilisation, par le particulier, du timbre et de son support la lettre !).

Je vais essayer, au travers de ma collection et de la présentation que je vais en faire, de partager avec vous mes découvertes et les informations que j'ai pu recueillir au cours de différentes recherches d'informations.

J'espère que ceux qui visiteront ce sîte amèneront leurs commentaires et réflexions mais peut être aussi des informations nouvelles ou des corrections (nul n'est infaillible!).

J'essaierai également de répondre aux questions que vous pourrez me poser qu'elles soient d'ordre philatélique ou historique.

Vous souhaitant une bonne visite je vous dis à bientôt.



Michel



P.S. j'alimenterai le blog petit à petit et donc ne vous attendez pas au début à trouver un sîte trés riche !!